C’était le 6 mai 1977. Une belle matinée de printemps, chargée de bonne humeur et de soleil doucereux. A Londres, dans une modeste maison aux volets bleus, on entendait seulement l’activité habituel d’un week-end chez les Heatherfield. Charles et Meredith, mes parents, préparaient alors le pique-nique pour profiter du parc en cette journée qui s’annonçait radieuse. Mes sœurs aînées, Mary, 5 ans, et Patti, 3 ans, devaient certainement trépigner d’impatience à l’idée d’échanger quelques passes de frisbee avec papa. Il faut dire, qu’avec son travail très prenant – il était avocat – il n’avait pas souvent l’occasion de profiter de ses enfants. Seulement, avant même que maman eut fini de garnir le panier elle prononça la phrase fatidique « Charles, j’ai perdu les eaux ! ».
Un peu de panique et beaucoup de travail plus tard, je vins au monde, à la grande fierté de mon père qui priait avec ferveur pour avoir un fils. Je n’étais pas un très beau bébé. Remarquez, à cet âge là, on est rarement d’une beauté transcendante. Petit, joufflu et ridé, j’étais de bonne taille et pesais trois kilos huit. Mon grand-père ne cessera de dire que j’étais un « joli petit gigot ». Appréciez donc la comparaison.
Le 9 mai 1977, la famille Heatherfield était fière de présenter à leurs amis le petit Charly Alexander David Heatherfield, dernier de la fratrie. Comme toute personne normalement constituée, je ne me rappelle aucunement de cette période où mes principales angoisses étaient de savoir quand j’allais manger et quand ma mère bercerait doucement mon petit corps fragile pour m’endormir.
On ne peut pas dire que j’ai eu une enfance malheureuse, tout au contraire. J’en garde même un souvenir très doux. Je me suis largement épanouie au sein de ma famille. Papa fit de moi un garçon poli et curieux. Maman était toujours là pour répondre à mes myriades de questions et pour me rassurer quand quelque chose m’effrayait. Mary et Patti, mes plus fidèles amies et complices, jouaient longuement avec moi et nous devînmes rapidement de petites terreurs toujours à la recherche d’une bêtise à faire.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Charly à 7 ans
A l’école, je n’étais ni bon ni mauvais. Je marchais – et marche toujours – au feeling. Si le courant passe bien, tant mieux. Sinon, ne vous attendez pas à plus d’amabilité qu’il n’en faut. Mon professeur de français, quand j’étais au collège, m’a fait apprécier la lecture que j’avais alors tendance à repousser. C’est ce même homme, M.Stephender, qui me fit connaître celui qui deviendra mon professeur de piano jusqu’à ce que j’entre au conservatoire. Dans un tout autre cas de figure, la vieille chouette rachitique qui m’enseignait – ou du moins essayait – les mathématiques me dégouta à vie de cette matière. Je ne connais rien de plus ennuyeux qu’un problème d’arithmétique.
Alors très passionné par la musique, je faisais la fierté de mes parents en m’affichant dès dix ans dans les auditions que donnait l’école de musique une fois par an. J’accompagnais généralement Mary et Patti qui jouaient respectivement du violoncelle et de la clarinette. Nous étions vraiment une famille heureuse. Malgré ce que l’on pourrait croire, nous étions des gens simples, toujours prêts à donner un coup de main aux voisins.
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