Soirée dans le bain thermal

Je suis arrivée avec mon petit bikini vert et une serviette blanche. Mon regard se porta sur le bassin ou je pouvait à peine apercevoir la lueur de petites lampe solaires. Elles étaient disposées les une à cotées des autres et me permettaient d'identifier la bordure du bassin. L'eau était éclairé grâce à une ampoule imperméable. Je posais ma serviette sur le côté et commença par descendre les marches une à une. C'était tellement bon et chaud que j'en avait la chair de poule. En entrant complétement dans l'eau mon corps laissa se former quelques ondes. Autour de moi je ne distinguait plus rien. C’était le brouillard complet... Je me demandait si Charly allait venir. Je lui en avait fait voir de toutes les couleurs à se pauvre homme... J'étais tellement confuse. Ma main se promenait sur le bord du bassin pendant que je réfléchissais. Voyant l'heure tourner et personne en vu, je me mis à dégrafer le haut de mon maillot de bain. De toute façon personne ne pouvait y voir avec ce brouillard. Je leva ma tête vers le ciel et voyait mon ombre se former comme si j'étais Dieu. Quel spectacle... Je pris mon souffle et mis ma tête sous l'eau chaude. La lumière vira au bleu, rose et violet. J'avais oublié que je pouvais choisir l'éclairage. Ma couleur préférée étant le vert je chercha la télécommande sur le bord du bassin. Introuvable, pas grave... Je me mis sur le dos et me laissa flotter en espérant que Charly se joigne à moi.

Je lâche un profond soupire. S’en en ait fini de ma chemise. En frottant sur la tâche j’ai abimé la couleur. Je prends le vêtement souillé à bout de bras et le tend devant moi pour voir l’étendu des dégâts. Ca m’apprendra à jouer les chevaliers servant. Je la chiffonne et la jette dans la poubelle de ma salle de bain. J’irai m’en racheter une un autre jour, tant pis. Ca me donnera l’occasion de voir un peu de pays…enfin, surtout les magasins de vêtements alentours. En voyant l’heure, je me frappe le front. Il est minuit moins le quart, j’avais dit à Fleurine que je la rejoignais tout de suite aux sources chaudes. Merde. Mon manque de ponctualité me joue encore des tours. Le tout, c’est de savoir si j’ai trimballé mon maillot de bain jusque de l’autre côté de la Manche. A vrai dire, je n’avais pas eu l’occasion de penser à des quelconques vacances à la plage en prenant l’Eurostar. Fouillant dans mon tiroir, je me félicite en trouvant mon maillot de bain, s’ennuyant un peu depuis quelque temps.

Une serviette autour du cou, je trouve l’accès aux sources chaudes sans trop de soucis. Je frisonne en sentant l’air humide sur ma peau. Bon dieu, ce n’est pas comme ça que j’avais imaginé ma première venue en ces lieux, au beau milieu de la nuit. En plissant des yeux, me concentrant pour y voir quelque chose à travers le brouillard, j’aperçois avec soulagement la silhouette de Fleurine. Comme on nous a appris dans la famille, je toussote pour indiquer ma présence et dépose ma serviette avant de m’approcher du bord de l’eau.

J'étais tellement émerveillée par la beauté du mélange de la brume, de mon ombre et des lumière changeantes que j'en avais presque pas entendu tousser Charly. Je pris une respiration profonde et lui dit d'entrer dans l'eau. Elle devait atteindre les 38 degrés... J'étais apaisée et demanda: "Charly, tu te sens comment? Tu as moins mal à ton nez? ". Je ne pouvais pas distinguer l'expression de son visage. Il s'approcha doucement de l'eau et s'est assis sur le bord du bassin. Je me cachait un peu comme je n'avais pas de haut. Puis réflexion faite... Il a du en voir d'autres. Je plonge mon corps dans l'eau jusqu'au coup et m'approche doucement. Je lui souris et lui dit " Alors? Tu me boudes? Je suis vraiment désolée de ce qu'il sait passé, je ne voulais pas te blesser... " Je le vis me tourner le dos et s'enfoncer dans l'eau. Je n'avais aucune idée de ou il pouvais être. " Tu es vraiment un homme mystérieux! Plein de surprises..." D'un seul coup je sentis quelque chose me chatouiller les jambes. Sur l'instant j'ai eu un peu peur mais j'ai vite deviné que c'était mon ami. Qu'avait il derrière la tête? Heureusement que je ne lui avais pas redonné un coup. J'attendais qu'il refasse surface pour que l'on puisse parler un peu de tout et de rien. J’espérais aussi qu'il ne serait pas choqué par ma tenue, puis au final, il y a plein de fille comme moi à la plage!

Mystérieux ? Moi ? Possible. Je n’ai jamais été très expansif. Mon père et mes sœurs me reprochaient souvent mon silence. Je n’y ai jamais rien pu. Je ne sais pas. Peut-être que je préfère écouter les autres parler plutôt que m’attarder sur ma propre existence. En ce moment, il y a aussi des souvenirs douloureux qui me serrent la gorge. J’évite de les ressasser. A quoi bon ? A part des larmes éhontées et un tourment tenace, je n’y gagnerai rien. Je souris dans mon coin, tournant le dos à Fleurine et essayant tant bien que mal d’habituer ma vue au brouillard, je soupire de bien-être en appréciant enfin les 38° degrés de l’eau. Le silence s’est installé, je me suis contenté de répondre à ses questions par des « mhmh » peu expressif, lui faisant certainement penser que je suis fâché. Hors, je n’ai aucune rancœur envers Fleurine, j’ai juste épuisé mon crédit parole. Ils ont eu de la chance ce soir, il est rare que j’enchaîne plus de trois mots à la suite. Je me rappelle, au lycée, ça faisait craquer les filles…il en fallait peu. Je plonge entièrement sous l’eau et me déplace à l’autre bout de la source, frôlant quelque chose au passage. Je pense que j’ai trouvé Fleurine. J’émerge enfin. Mother of God ! Je détourne le regard. Mes sœurs avaient la même manie quand on profitait de notre piscine. Elles ne voyaient pas l’utilité de mettre un haut alors que nous étions en famille. Seulement, il ne s’agit pas de Mary ou Patti mais bien d’une jeune femme que je connaissais depuis ce matin et, qui plus est, s’avérait être ma patronne. Enfin bon, je ne vais pas faire mon prude. Je dégage mon front de mes cheveux et vient m’accouder au bord du bassin, reposant la tête sur mes bras croisés. Elle ne le sait pas parce qu’elle me connait peu, mais ce n’est pas mon genre d’engager la conversation. Je me contente de fermer les yeux et inspirer profondément pour me délasser.

Je vis Charly se redresser devant moi comme une statut venue de nul part, l'air surpris de m'avoir vu à moitié nue, il s'est retourné au sitôt pour rejoindre le bord du bassin. Avais je fait une sottise? Je n'osais plus trop engager la discutions... Il avait l'air tellement fragile et pure à cet instant. Dos à moi il semblait regarder dans le vide, ou même avoir fermé les yeux. Pas sur de moi, et ayant envie et m'excuser je me suis avancé vers lui doucement. Il ne bougea pas pour autant. Était il timide? Et moi peut être trop excentrique... La vie pour moi passe tellement vite, qu'il me semble nécessaire d'en profiter à chaque instant et surtout d'être soit même. Je ne suis surement pas excentrique, mais plutôt naturelle, j'ai plus appris de l'animal que de l'homme... Plus je m'approche de Charly, plus je me sens mal. Mais pourquoi? Aucune idée. Pourtant tout à l'heure l'ambiance était à la bonne entente! Mais quand on est que tous les deux, je me rend compte qu'il a du mal à me parler. Je pose ma main sur sa chevelure mouillé, la fait valser de gauche à droite délicatement et lui dit délicatement "Tu ne veux plus me parler?" Il a l'air surpris et se retourne en levant les yeux au ciel. A cet instant je compris qu'il était pudique. "Charly, je suis ta patronne, mais j'espère devenir ton amie. Si c'est ma tenue qui te gêne sache, que beaucoup de fille en France se trimbales comme cela sur les plages de Marseille." Soudainement, l'idée qu'il n'avait jamais eu de copine me traversa l'esprit. Serais ce possible? Non pas lui! Impossible... Pourtant... Je n'engagerais pas la conversation sur ce thème. "Descends les yeux je vais mettre le reste du corps sous l'eau." Son regard plongea dans le mien et je lui souris. "Tu sais c'est une habitude pour moi." Il semblait me comprendre. "Je viens souvent ici. J'aime passer mon temps à barboter dans l'eau chaud, surtout après m’être occupée des chevaux. C'est pour moi l'unique moyen de détendre mes muscles et de penser à autre chose que ma vie professionnelle. Alors j'en profite... ". N'ayant toujours pas de réponse de sa part je partis chercher le haut de mon bikini et lui sauta au coup.

Bingo, elle a pris mon silence pour une marque de colère. Il faut vraiment que je m'arrange de ce côté là. Mary me dit que c'est pour ça que je ne suis pas marié, dans une belle maison avec deux enfants. J'ai beau lui répondre que ce n'est pas dans mes priorités, elle prend ça pour de la mauvaise fois. Il va falloir que je lui donne des nouvelles d'ailleurs, elle va commencer à s'impatienter sinon. Sentant la main de Fleurine se glisser dans mes cheveux, j'ai un sourire et me retourne. Ha oui...je passe aussi pour un prude. J'en ris intérieurement. J'ai eu un petit moment de malaise puisque ce n'est pas donné à tout le monde de voir sa charmante patronne dans une aussi petite tenue mais je ne suis pas du genre à m'offusquer devant la première poitrine dénudée que je vois. Elle ne m'a pas connu quand j'avais encore vingt ans. A l'époque, avec des amis, nous étions du genre à chaparder un télescope pour regarder directement dans l'appartement de la voisine. Rajoutez à cela que, âgée de cinq ans, j'avais une panoplie d'idées pour espérer regarder sous les jupes des filles. D'ailleurs, l'une d'entre elles a réellement cassé mon nez et a freiné en même temps ma carrière de voyeur. La fois où je suis tombé réellement amoureux a finis de me faire respecter la gente féminine et à montrer les dents quand on s'avère trop rudes envers elles. Ce doit bien être la seule chose au monde qui puisse me faire sortir de mes gonds. Mais cette histoire s'est vite terminée, entre larmes amers et profond regret. J'ouvre la bouche pour répliquer mais Fleurine s'éloigne, sûrement pour aller remettre son haut. Hm. Où est-ce qu'elle est ? Elle me retrouvera bien malgré cette purée de pois. Je m'appuie sur le rebord, balançant la tête en arrière. Effectivement, elle me retrouve...très énergiquement. Elle a passé ses bras autour de mon cou. Je ris et passe mon bras sur ses épaules.

"Vous n'avez pas réellement cru que je vous en voulez Fleurine?"

Charly rigolait à pleins poumons. Puis épuisés, nous avons commencés à parler de tout et de rien. Il s'était enfin détendu et on rigolait bien ensemble. Je ne sais pas pourquoi mais cet homme avait un petit quelque chose qui me rendait raide dingue de lui. Charmant, drôle et assez présente depuis son arrivé... Bref... Peut être tout simplement parce qu'il a la classe! Apparemment il avait eu plusieurs copines. Je trouvais ses histoires marrantes et je ne me lassais pas de l'écouter. Ma timidité envahissante et le fait que je sois maladroite m’empêchait de rester moi même.

Il vient d'arriver, il faut pas qu'il remarque que je craque sur lui... Cela ne serait pas bon pour une patronne. Puis... Je ne suis pas sa patronne, je suis son amie! Bon,un peu de tenue Fleurine... Il aut que je me calme... Maihheuuh... Il est tellement mignon...

Charly s'approcha d'une grotte. Elle était à peine éclairée, mais on pouvait mieux se voir. "Écoute, la veste c'est de ma faute... Je vais t'en racheter une, ou te la commander. Cela me ferais plaisir!" Après cette phrase j'ai penché ma tête en arrière dans l'eau pour lisser mes cheveux.

"Fleurine, vous n'êtes vraiment pas obligée vous savez..."

Je me sens gêné devant cette proposition, de toute manière il fallait que je change de chemise. Nous avons parlé de plusieurs choses sans rentrer en détail dans nos vies et cela n'est pas pour me déplaire. J'étire les bras au-dessus de ma tête, me demandant bien quelle heure il pouvait être. Peut-être minuit, peut-être beaucoup plus. Nous devions certainement être les deux seules personnes encore éveillées au pensionnat. Demain, je sens que je vais regretter d'avoir veillé aussi tard ; il faut que je me lève relativement tôt pour m'occuper de quelques affaires importantes et pour pouvoir faire une petite balade, histoire de retrouver tous mes moyens à cheval. Tout en sachant cela, je répugne l'idée d'aller me mettre sous la couette, appréciant la chaleur de la source et la présence de Fleurine. Je n'ai même pas l'impression de me baigner avec une supérieure mais plutôt avec une amie, chère à mes yeux. Même si cette dite amie a faillit me faire finir la soirée aux urgences. Remarquez, cela m'aurait fait voyager. A l'abri de la brume, nous pouvons enfin apercevoir nos visages et ne plus avoir l'impression de parler à un épais mur cotonneux.

"Vous êtes loin de toutes les images de la patronne que j'ai pu me faire. Merci." Je lui dis sincèrement, une main sur le coeur, en m'accoudant à côté d'elle, encrant mon regard dans le siens.

"Ne vous inquiétez pas Charly, d’ailleurs je préférais que vous me tutoyez." Je le regard avec un air sympathique pour ne pas qu'il se sente gêné. " Tu sais j'apprécie beaucoup ta présence dans l'écurie. Cela fait plaisir d'avoir quelqu'un comme toi, tu es vraiment très présent."

"Vous s- » Je me reprends" Tu sais, c'est normal...après tout, je ne fais que mon travail...et j'apprécie également ta présence, et celle de tout le monde ici. ». Je prends appuie sur mes bras et, en une impulsion, je sors de l'eau pour m’asseoir sur le rebord. Mes jambes encore dans la chaleur de la source, un violent frisson me parcours alors que ma peau est à la merci de la fraîcheur nocturne. Je me passe une main dans les cheveux et, silencieux, hésite à me confier. J'ai des choses sur le cœur qui, si elles sortent, risquent de me perturber. Je prends une inspiration, levant la tête vers la lune « J'avais besoin d'être loin de chez moi...et de m'occuper. Ca m'évite de me souvenir. Le contact avec les chevaux m'apaise. Je suis capable de me tuer à la tâche juste pour ne pas me rappeler...je ne sais même pas pourquoi je te raconte ça...Je crois que je devrais y aller.» Oui, parce que je n'ai pas envie d'en dire plus. Le simple fait de l'évoquer me noue la gorge et je n'ai pas envie de fondre en larmes. Je me baisse de façon à atteindre le front de Fleurine et y dépose un simple baiser. Je ne
sais pas si ça se fait et pour vous dire, je n'en ai pas grand chose à faire. « Passe une bonne nuit. » Je fais en attrapant ma serviette et en commençant à partir.

Un peu déçue de cette soirée, je me prépare à rejoindre ma chambre. Charly donnait l'impression d'être ennuie par quelque chose... Mais quoi? Pourquoi ne voulait il pas m'en parler? Est es ce si compliqué? Je n'en avait aucune idée... Je pris ma serviette et sécha vigoureuse mes longs cheveux blond. La soirée avait été longue, mais je ne sentais aucune fatigue en moi. Cet homme, avait déposé un baiser sur mon front, c'est la seule chose qui pouvait me rassurer. J'espère qu'il n'est pas en danger. Que faire, que penser... Pour lui changer les idées, j'ai décidé de passer demain matin dans sa chambre et de lui déposer un cadeau.

» Balade dans la montagne (1 nuit)